Confrontée à l’offensive persistante du Mouvement du 23 mars (M23), soutenu militairement par le Rwanda dans l’est de son territoire, la République démocratique du Congo (RDC) entend renforcer son dispositif sécuritaire. Selon une enquête publiée ce mercredi par Africa Intelligience, l’administration du président Félix Tshisekedi serait en pourparlers avancés avec la société chinoise Catic en vue de l’acquisition de trois drones d’attaque de conception chinoise.

D’après le spécialiste français des questions africaines, « les sécurocrates congolais négocient un contrat onéreux avec le géant chinois de l’aéronautique, visant à doter l’armée de trois aéronefs, en préparation d’une riposte militaire dans les régions orientales face à l’avancée du M23 ».

Les villes stratégiques de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, et Bukavu, capitale du Sud-Kivu, demeurent toujours sous le joug du M23 et des forces rwandaises alliées, qui y ont instauré une administration parallèle. Depuis la fin janvier 2025, ces agglomérations subissent régulièrement des exactions de la part des rebelles.

Un défi structurel pour l’armée congolaise

Malgré les processus de paix en cours – notamment les discussions de Luanda et les récentes négociations menées à Doha – Kinshasa n’exclut nullement l’option militaire. La reconquête des territoires perdus reste une priorité pour le pouvoir en place, bien que cette entreprise se heurte à un obstacle de taille : la faiblesse structurelle de l’armée congolaise.

« Le véritable problème réside dans le caractère hétérogène de notre armée », admet le chef de l’État. « Elle résulte d’une intégration progressive et désordonnée de diverses factions armées. Il s’agit aujourd’hui de transformer ce conglomérat en une force unifiée, dotée d’un esprit de corps. La réforme de l’armée est le prix à payer pour assurer la paix et la stabilité. À cette fin, j’ai réajusté certains contrats avec nos partenaires chinois exploitant nos ressources naturelles. L’armée congolaise compte actuellement environ 100 000 hommes », a-t-il confié en mars dernier.

Un effort financier et logistique accru

Dans cette optique, Kinshasa multiplie les initiatives pour améliorer le moral des troupes. La solde mensuelle des soldats, autrefois fixée à 100 dollars américains, a été significativement augmentée. Le président Tshisekedi affirme qu’un militaire engagé sur le front perçoit désormais environ 500 dollars par mois.

Ce recours à l’armement chinois n’est pas une première pour la RDC. Sur les lignes de front, les forces ennemies déploient des équipements de guerre sophistiqués, notamment des missiles sol-air, comme le confirme un récent rapport des Nations unies. En réponse, Kinshasa s’était déjà procuré, en 2023, des drones d’attaque CH-4 Rainbow, produits par la China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC).

En juillet 2024, les autorités congolaises avaient également fait l’acquisition d’une centaine de véhicules blindés Streit, assemblés en Ouganda par l’entité commerciale des forces armées ougandaises. À cela s’ajoute l’importation de munitions auprès de fabricants d’armement en Bulgarie et en Serbie.

Odon Bakumba

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