Le vice-ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, a lancé ce lundi une attaque frontale contre l’ancien président Joseph Kabila, l’accusant d’avoir facilité l’infiltration de l’armée par des combattants étrangers et orchestré la collusion avec des groupes rebelles.

Sur les ondes de Top Congo FM, Bemba a déclaré : « Joseph Kabila est un imposteur dont le rôle en RDC a été notamment d’infiltrer l’armée pour la désarticuler. Les attaques du CNDP et du M23 n’avaient pour but que de permettre l’intégration de rwandais comme soldats dans les FARDC ». Selon l’actuel ministre des Transports, ces alliances troubles auraient permis, pendant 18 ans, de financer l’effort de guerre rwandais à hauteur de 66 millions de dollars par mois.

Le CNDP : un levier de déstabilisation sous Kabila

Le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) est né en 2006, sous la direction de Laurent Nkunda, un ancien officier de l’armée congolaise, lui-même rwandophone. Officiellement formé pour « défendre les populations congolaises tutsi », le CNDP s’est rapidement transformé en une force rebelle majeure, soutenue par Kigali et accusée de multiples exactions dans l’est de la RDC.

Les observateurs et ONG ont longtemps dénoncé la passivité, voire la complicité du régime de Joseph Kabila avec le CNDP. En 2009, les accords de paix signés à Goma ont permis au CNDP de devenir un « parti politique légal » tout en intégrant des centaines de ses combattants dans l’armée nationale (FARDC). Ces intégrations, présentées à l’époque comme une solution pour stabiliser le Kivu, ont en réalité affaibli l’armée congolaise et nourri des tensions internes.

Une collusion qui continue de peser

En accusant Kabila d’avoir sciemment utilisé le CNDP comme levier pour consolider son pouvoir tout en sacrifiant la souveraineté nationale, Jean-Pierre Bemba relance un débat explosif. Ces alliances passées entre Kinshasa et les groupes rebelles, notamment le CNDP puis le M23, continuent de hanter la RDC. La présence de Joseph Kabila à Goma, épicentre de la crise actuelle, ravive ainsi la crainte que ces réseaux de collusion n’aient jamais vraiment disparu.

Odon Bakumba

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