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Dans l’Est de la RDC, la folie meurtrière des occupants
Depuis que les forces rebelles du M23, appuyées par des troupes régulières rwandaises, ont pris le contrôle de Goma fin janvier 2025, la ville vit sous un climat de terreur. Officiellement, les nouveaux maîtres de la capitale du Nord-Kivu affirment vouloir restaurer la sécurité et débusquer les éléments armés restés en ville. En réalité, ce que les habitants subissent est une campagne de représailles massives, menée sans discernement, sans procédures judiciaires, et sans aucun respect des droits fondamentaux.
Les opérations de « ratissage », comme les appellent les responsables du M23, consistent en des descentes dans les quartiers populaires à la recherche d’anciens soldats FARDC, de miliciens wazalendo ou de jeunes simplement soupçonnés de sympathie avec Kinshasa. À Ndosho, Majengo, Mugunga, Katoyi, chaque ruelle devient un piège. Ceux qui n’ont pas de carte d’identité, qui parlent une langue autre que le kinyarwanda, ou qui affichent une attitude jugée suspecte peuvent être arrêtés sur-le-champ. « Ils nous ont pris comme des bêtes, sans explication, juste parce qu’on était là au mauvais moment », témoigne Delphin, un jeune homme de 26 ans, en fuite après son évasion.
Cette traque aveugle alimente une insécurité bien plus profonde que celle qu’elle prétend combattre. Des centaines de jeunes hommes ont disparu, d’autres sont morts sous les coups ou dans des conditions carcérales inhumaines. Loin d’installer la paix, ces méthodes installent la peur et la colère, et nourrissent le cycle de violence. Le peuple congolais, déjà victime d’une guerre d’agression, est désormais accusé à tort d’en être responsable. Un renversement total des responsabilités.
Enfin, cette stratégie de terreur vise aussi à faire taire la société civile. Les mouvements citoyens comme Lucha sont ciblés, leurs membres arrêtés ou menacés. Toute voix critique est assimilée à de la collaboration avec « les ennemis ». À Goma, la parole est un risque. Et le silence devient une forme de survie.
Les geôles de la honte
Ce qui se passe dans les prisons clandestines du M23 échappe à tout contrôle judiciaire, mais pas aux témoignages des survivants. Delphin, arrêté un après-midi d’avril dans un bar de Ndosho, raconte avoir été enfermé dans une maison sur les hauteurs de Goma, avec cinq compagnons d’infortune. La nourriture, selon lui, était insuffisante et souvent avariée. « On nous donnait une fois par jour des haricots pourris avec du maïs sec », dit-il. « L’un de mes amis a refusé de manger. Il est mort au bout de quatre jours. »
Amnesty International, dans un rapport publié en mai 2025, décrit des scènes effroyables : des détenus battus à mort à coups de marteau, des prisonniers affamés et privés de soins, entassés dans des cellules infectes sans ventilation ni accès à l’eau potable. « Ces actes violent le droit humanitaire international et pourraient constituer des crimes de guerre », souligne l’organisation. Human Rights Watch ajoute que plusieurs détenus ont été soumis à des tortures systématiques : coups de câbles, tabassages, électrocutions, parfois sous les yeux d’autres prisonniers pour « faire un exemple ».
Les proches des victimes vivent un supplice moral permanent. Comme Mariam, qui cherche à voir son fils depuis son arrestation à Mugunga. « On ne m’a jamais autorisée à lui parler. Je dépose de la nourriture à l’entrée du cachot, mais je ne sais même pas s’il est encore en vie », confie-t-elle en larmes. Cette incertitude, partagée par des centaines de familles, est une forme de torture psychologique, qui s’ajoute à la violence physique.
Les geôles du M23 ne sont pas seulement des lieux de détention : elles sont des instruments de terreur, destinés à briser les corps, mais aussi les esprits. Leur existence même viole toutes les conventions internationales, y compris la Convention contre la torture et le droit à un procès équitable. Pourtant, personne ne semble prêt à intervenir.
Des enlèvements à la chaîne
L’un des aspects les plus glaçants de l’occupation de Goma est la systématisation des enlèvements. Les chiffres livrés par le gouvernement congolais sont accablants : 4 000 personnes portées disparues, et 107 exécutions sommaires documentées. Derrière ces statistiques se cachent des vies, des familles dévastées, des communautés traumatisées. Et surtout, une mécanique d’oppression qui s’accélère jour après jour.
Ces arrestations sont souvent effectuées sans motif clair. Le M23 affirme cibler des criminels, des FDLR, des miliciens. Mais dans les faits, ce sont des jeunes sans casier judiciaire, des civils, parfois même des enfants, qui sont emmenés de force. À Majengo, une mère raconte comment son fils de 14 ans a été enlevé alors qu’il revenait du marché. Depuis, plus aucune nouvelle. « Ils disent qu’il était avec des wazalendo, mais c’est faux. C’est un enfant. »
Des quartiers entiers sont fouillés maison par maison. Des témoins affirment que certains captifs sont directement jetés dans des camions, sans qu’aucune trace ne soit laissée. D’autres sont embarqués, puis relâchés des semaines plus tard, amaigris, traumatisés, muets de peur. L’intention est claire : terroriser la population, décourager toute solidarité envers la résistance, installer un climat de méfiance généralisée.
Le phénomène des disparitions forcées est reconnu par Amnesty comme une violation grave des droits humains. Ce n’est pas seulement une privation de liberté : c’est une stratégie de domination, de déshumanisation. Et cela ne se passe pas dans l’ombre. Cela se passe au vu et au su de tous, dans une capitale provinciale, sous les regards des ONG, de la MONUSCO, et de la presse internationale.
Rumangabo, l’ombre du recrutement forcé
Derrière certaines arrestations se cache un autre objectif, encore plus sinistre : l’enrôlement forcé dans les rangs du M23. Plusieurs anciens détenus affirment avoir été conduits au camp militaire de Rumangabo, non pour y être jugés, mais pour y être transformés en combattants. Edgar, un jeune de Goma, a passé deux mois dans ce centre. « Nous étions plusieurs jeunes arrêtés en même temps. Après deux semaines de coups et d’interrogatoires, ils ont voulu nous faire porter des uniformes. On nous disait que c’était notre nouvelle vie », raconte-t-il.
Ce camp, situé à une trentaine de kilomètres de Goma, est connu pour être un centre de formation militaire du M23. Des photos satellite ont même montré l’agrandissement de ses installations ces derniers mois. Les recrues y apprennent à manier les armes, à suivre les ordres, et parfois à commettre des exactions. Selon les sources locales, certains y sont retenus contre leur gré, d’autres sont poussés par la peur à coopérer.
La logique est implacable : plus la rébellion enrôle de jeunes Congolais, plus elle renforce sa légitimité militaire, tout en vidant les quartiers de toute opposition potentielle. En parallèle, les FARDC sont affaiblies, vidées de leurs anciens combattants, désormais enrôlés sous contrainte dans le camp adverse. C’est une guerre psychologique doublée d’une stratégie d’enrôlement forcé.
Ces pratiques violent non seulement le droit international, mais aussi les conventions sur les enfants soldats, puisque plusieurs mineurs auraient été recrutés de force. Le silence de la communauté internationale face à cette militarisation forcée d’une jeunesse congolaise vulnérable est non seulement coupable, mais complice.
Avec Human Rights Watch, Amnesty International, AFP et Jeune Afrique.
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