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La Zambie et le Zimbabwe misent sur le fleuve Congo pour sauver leur avenir énergétique
Confrontées à une crise énergétique persistante et à des sécheresses de plus en plus sévères, la Zambie et le Zimbabwe explorent une solution aussi ambitieuse que controversée : détourner une partie des eaux du fleuve Congo pour alimenter le lac Kariba, et ainsi garantir la viabilité de leur production hydroélectrique.
Cette proposition, détaillée par nos confrères d’Africa.com, refait surface alors que les deux pays tentent de relancer le projet de la gorge de Batoka, un barrage de 2 400 MW évalué à 5 milliards de dollars. Depuis son report en 2020, faute de financement, ce chantier stratégique reste en suspens. Mais un nouvel appel d’offres est attendu d’ici septembre 2025, avec l’espoir de séduire des investisseurs internationaux.
Le fleuve Congo au cœur d’un pari risqué
Le cœur du plan repose sur un transfert massif d’eau du fleuve Congo – jusqu’à 16 milliards de mètres cubes par an – vers le lac Kariba, dont les niveaux ont dramatiquement chuté sous l’effet de sécheresses prolongées. Alimenté par le Zambèze, ce réservoir alimente actuellement la plus grande centrale hydroélectrique partagée par les deux pays. Sa défaillance menace directement la sécurité énergétique de millions de personnes.
Mais cette idée soulève de lourdes interrogations. D’un point de vue technique, le projet impliquerait la construction d’un vaste réseau de canaux et de stations de pompage, traversant des terrains montagneux et nécessitant une énergie considérable pour franchir les dénivelés. Les ingénieurs mettent également en garde contre les coûts élevés d’une telle infrastructure, dans un contexte où Lusaka et Harare sont déjà confrontées à d’importants problèmes d’endettement.
Des conséquences écologiques et diplomatiques redoutées
Sur le plan environnemental, les risques sont également majeurs. Le fleuve Congo, deuxième plus grand fleuve d’Afrique par son débit, alimente des écosystèmes riches et fragiles. Un détournement de cette ampleur pourrait avoir des conséquences sur la biodiversité locale, les moyens de subsistance des populations riveraines, et créer des tensions avec les pays en amont et en aval.
La faisabilité de cette opération dépendra donc non seulement de la mobilisation de financements, mais aussi d’une coopération régionale étroite. La gestion partagée de l’eau du Congo impliquerait des négociations diplomatiques complexes avec les autres États riverains, en particulier la République démocratique du Congo.
Un enjeu régional sous haute tension
Dans une analyse récente, Bloomberg souligne que les gouvernements zambien et zimbabwéen comptent sur ce projet pour restaurer la confiance des bailleurs de fonds et réaffirmer leur rôle de moteurs de l’intégration énergétique en Afrique australe. Cependant, les observateurs appellent à la prudence et réclament des évaluations indépendantes sur les impacts environnementaux et sociaux d’un tel projet.
En définitive, l’avenir énergétique de la région pourrait bien se jouer entre deux fleuves : le Zambèze, en crise, et le Congo, encore intact – mais convoité.
Odon Bakumba
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