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RDC : Joseph Kabila soupçonné de collusion avec le Rwanda pour renverser les institutions
L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, fait désormais l’objet de graves accusations, contenues dans un rapport confidentiel du Sénat consulté ce mardi 27 mai par RFI. Rédigé par la commission spéciale chargée d’examiner une demande d’autorisation de poursuites, le document met en lumière de sérieux soupçons de collusion avec une puissance étrangère – le Rwanda – dans le cadre d’un projet présumé de déstabilisation des institutions congolaises.
Des liens troubles avec Kigali
Selon l’auditeur militaire à l’origine du dossier, un faisceau de preuves encore couvertes par le secret de l’instruction établirait un lien direct entre Joseph Kabila et des manœuvres visant à affaiblir, voire à renverser, le pouvoir en place. Ces éléments incluraient des données sur ses déplacements à Goma et dans des pays jugés hostiles à Kinshasa, considérés comme stratégiques pour des prises de contact avec des acteurs extérieurs.
L’implication présumée du Rwanda alourdit considérablement les soupçons. D’après le rapport, l’ancien chef de l’État aurait soutenu un projet insurrectionnel en collaboration avec Kigali. Ce soutien se serait matérialisé par une assistance logistique et financière à des groupes rebelles, notamment l’AFC/M23, actif dans l’est du pays. Si les détails des flux financiers restent confidentiels, des investigations sont en cours.
Des propos équivoques
Une source gouvernementale estime que cette posture est en cohérence avec les récentes déclarations publiques de Joseph Kabila, qui appelait à « mettre fin à la dictature, mieux, à la tyrannie » – une formule interprétée par plusieurs analystes comme une attaque directe contre les institutions actuelles.
Des sources politiques et judiciaires congolaises, contactées par RFI, confirment qu’un procès contre l’ancien président est sérieusement envisagé. Ce dossier, à la croisée de la justice et de la haute politique, pourrait marquer un tournant historique dans les rapports de force en RDC.
Le Rwanda, acteur-clé et source de tensions persistantes
Depuis la fin du génocide de 1994, le Rwanda joue un rôle aussi central que controversé dans la région des Grands Lacs. Kigali justifie ses incursions ou son soutien à des groupes armés dans l’est de la RDC par la menace persistante des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), issues en partie des anciens génocidaires.
Cependant, plusieurs rapports indépendants – dont ceux des Nations unies – accusent Kigali de soutenir activement des mouvements rebelles comme le M23, récemment rebaptisé AFC/M23, afin de préserver ses intérêts économiques et sécuritaires dans la riche région minière du Kivu. Si les soupçons pesant sur Joseph Kabila se confirment, ils pourraient relancer les hypothèses d’alliances discrètes entre certaines élites congolaises et le régime rwandais, dans un contexte de lutte acharnée pour le contrôle des ressources et du pouvoir.
La tension entre Kinshasa et Kigali s’est encore intensifiée ces derniers mois, les autorités congolaises dénonçant une « agression ouverte » du Rwanda via des groupes armés opérant sur leur sol. Dans ce climat explosif, des accusations portées contre un ancien président pourraient aggraver les fractures internes et fragiliser davantage une stabilité régionale déjà précaire.
Odon Bakumba
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