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Crise à l’Est : Fayulu dénonce la « trahison » de Kabila et appelle Tshisekedi au dialogue
« Monsieur Kabila, aucune raison, même stratégique, ne saurait justifier une collaboration avec ceux qui déchirent notre pays », a martelé Fayulu. « Le seul chemin vers la rédemption de nos erreurs passées, c’est le dialogue, pas la compromission. Quittez Goma, cette ville martyre aujourd’hui occupée avec la complicité de forces ennemies. L’Histoire ne pardonne pas les trahisons, encore moins celles faites à la patrie. »
Dans la même lancée, Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et actuel coordinateur de l’AFC, a lui aussi été pris à partie. Fayulu l’accuse de complicité dans les violences en cours à l’Est du pays : « Monsieur Nangaa, je vous en conjure : cessez d’être complice des massacres de nos frères et sœurs. Le sang congolais ne peut plus couler avec votre complicité. Aucune ambition ne justifie la souffrance d’un peuple entier. »
Une main tendue à Tshisekedi
Dans un geste inattendu, Martin Fayulu a également tendu la main au président Félix Tshisekedi, se disant disposé à engager un dialogue direct, sans condition préalable. Il évoque un acte de patriotisme, bien loin d’un calcul politique : « Non pas pour une faveur, mais pour une discussion sincère, sans faux-semblants, afin de trouver une issue digne à cette crise existentielle.»
Cette ouverture marque un changement de ton notable de la part de Fayulu, longtemps critique de la légitimité de Tshisekedi et jusqu’ici farouche opposant à toute forme de rapprochement, y compris lors des précédentes initiatives de dialogue national.
La présence de Joseph Kabila à Goma, épicentre du conflit actuel, continue de faire couler beaucoup d’encre. Depuis le 29 mai, l’ancien chef de l’État mène une série de consultations citoyennes dans une ville désormais sous contrôle du M23, mouvement rebelle soutenu par Kigali. Kabila affirme vouloir «œuvrer pour la paix», une intention qui laisse sceptiques de nombreux observateurs.
Ces rencontres, tenues avec des chefs coutumiers, des leaders religieux et des représentants de la société civile, interviennent dans un contexte explosif. Le gouvernement l’accuse ouvertement de trahison, de crimes de guerre et de soutien à la rébellion, et a levé son immunité parlementaire en mai dernier. Des documents et témoignages recueillis par les autorités le lieraient directement au M23.
Dans un discours prononcé le 23 mai, Joseph Kabila a dénoncé une gouvernance autoritaire et corrompue, tout en proposant un «pacte citoyen» en douze points pour rétablir la paix. Mais derrière ce discours de réconciliation, beaucoup voient une tentative déguisée de retour sur la scène politique nationale.
Pour certains analystes, cette initiative constitue une provocation directe à l’égard du régime en place, tandis que d’autres y voient une opportunité, certes controversée, de médiation.
Le gouvernement congolais n’a pas encore officiellement réagi à cette visite, mais la tension est palpable. La communauté internationale, notamment les États-Unis, suit de près l’évolution de la situation dans l’Est du Congo, craignant une escalade du conflit et une remise en cause des efforts de paix en cours.
Entre accusations de haute trahison, appels au dialogue et manœuvres politiques, la crise congolaise semble entrer dans une phase critique. L’avenir de la région dépendra désormais de la capacité des acteurs nationaux à surmonter leurs antagonismes au profit d’un véritable sursaut patriotique.
Gilbert N.
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