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Kamoa-Kakula, la mine géante de cuivre plongée dans le flou : que cache Ivanhoe ?

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La République Démocratique du Congo est une nouvelle fois au centre de l’attention mondiale, non pas pour sa promesse minière, mais pour le silence assourdissant qui entoure la crise frappant Kamoa-Kakula, l’un des plus importants complexes cuprifères de la planète.

Le 18 mai dernier, un séisme souterrain provoque de graves inondations dans les galeries de la mine de Kakula, forçant son exploitant canadien Ivanhoe Mines Ltd. à suspendre temporairement les opérations. Le ton se veut rassurant, mais rapidement, le doute s’installe.

Le co-actionnaire chinois Zijin Mining affirme qu’un effondrement de toiture a eu lieu, que des installations critiques sont touchées, et que la production annuelle sera impactée. Ivanhoe rétorque qu’il n’y a aucune preuve de telles destructions, mais dans le même souffle, retire discrètement ses prévisions de production 2025, estimées entre 520 000 et 580 000 tonnes de cuivre.

Ce retrait sème le trouble. Et pour cause : Kakula représente à elle seule 70 % de la production actuelle du complexe, selon la banque Citi. La mine souterraine pourrait rester à l’arrêt jusqu’à la fin de l’année, estiment plusieurs analystes. À l’échelle mondiale, cela signifierait jusqu’à 275 000 tonnes de cuivre en moins, un choc qui suffirait à effacer le surplus mondial anticipé pour 2025.

Sur le terrain, la situation semble plus grave qu’annoncé. Des visiteurs rapportent que d’immenses volumes d’eau ont envahi les galeries et que les travailleurs ne peuvent plus y accéder. Ivanhoe confirme que des câbles électriques, des tuyaux et des systèmes de pompage sont endommagés. La compagnie pompe actuellement 1 000 litres d’eau par seconde dans la section ouest et tente d’atteindre 3 000 litres pour stabiliser le site. Mais aucune information ne filtre sur la section est, là où Zijin signale des dégâts structurels majeurs.

Le contraste entre les versions canadienne et chinoise nourrit la confusion. Les installations de surface fonctionnent encore, tout comme les activités sur le site de Kamoa, mais le cœur productif du complexe est à l’arrêt. Et pendant ce temps, le gouvernement congolais, pourtant actionnaire à 20 %, garde le silence. Aucun communiqué, aucun audit, aucune transparence sur l’état réel de cette mine censée porter le futur économique du pays.

Cette crise survient dans un contexte de pénurie mondiale de cuivre : le métal est au centre des efforts de décarbonation, indispensable à la fabrication de véhicules électriques, de réseaux électriques intelligents ou encore de pipelines d’eau. L’arrêt prolongé de Kamoa-Kakula affaiblit une chaîne d’approvisionnement déjà tendue.

Ironie du sort, Kamoa-Kakula, saluée comme l’un des projets miniers les plus réussis de la dernière décennie, pourrait devenir le symbole d’une gouvernance minière fragile, opaque et fragmentée. Ce projet porté par Ivanhoe et Zijin, né de l’ambition du milliardaire Robert Friedland, est aujourd’hui rattrapé par le manque de transparence, les intérêts divergents des actionnaires et l’absence de réponse étatique.

Ivanhoe promet un rapport d’évaluation dans les prochains jours. Mais la question est déjà ailleurs : qui contrôle vraiment le destin de cette mine stratégique congolaise ? Et pourquoi les Congolais sont-ils les derniers informés de ce qui se joue sous leurs pieds ?

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